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Rencontre des Auteurs Francophones | Q&A with Sandrine Mehrez-Kukurudz 🇫🇷

Rencontre des Auteurs Francophones | Q&A with Sandrine Mehrez-Kukurudz 🇫🇷

Caroline Diene |

Sandrine Mehrez-Kukurudz a déjà vécu de multiples vies en une seule. C’est d’ailleurs la philosophie de cette française installée à New York. Journaliste radio, directrice de création en agence de communication, créatrice d’événements, auteure… son instinct l’a menée sur différentes trajectoires où les mots et la langue française ont toujours été importants. Aujourd’hui, elle est à l’initiative de la première Rencontre des Auteurs Francophones aux USA, dont on peut découvrir les ouvrages sur notre e-shop. Nous l’avons rencontrée pour évoquer son parcours aux États-Unis et son amour pour la littérature française.

 

Vous êtes aux USA depuis 14 ans. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous y installer ?

J’ai un mari qui a étudié ici. J’avais des beaux-parents installés à Los Angeles. Donc les États-Unis faisaient déjà un peu partie de la famille. Après on a eu des déceptions professionnelles assez lourdes en France. Un jour, j’ai dit à mon mari : « Ce projet, on ne peut pas le faire en France, donc on va le faire autre part… aux États-Unis. » C’était un peu une blague, sauf que c’est devenu une réalité. L’été suivant, on était partis voir à quoi ressemblait Miami, car c’était la destination à la mode, il y a 15 ans. Je n’ai pas aimé le premier abord très moderne, mais j’ai découvert une qualité de vie qui m’allait bien. Le temps de rentrer, de préparer le business plan, de faire les visas, neuf mois après on était aux États-Unis.

Vous souvenez-vous ce qui vous a le plus marquée en arrivant ?

Ce fut la liberté religieuse. J’ai trouvé que les communautés vivaient bien les unes à côté des autres. Je croisais différentes communautés et je ressentais qu’elles avaient toutes une liberté d’expression qu’on avait perdue en France. Ce sentiment s’est renforcé quand on est arrivés à New York.

Après quelques années et des déconvenues (professionnelles, financières, amicales), vous avez choisi de quitter Miami. N’avez-vous pas eu alors la tentation de revenir en France ?

Aujourd’hui, j’aurais envie de rentrer en France, car l’herbe est toujours plus verte ailleurs et plus on est éloigné de la mère patrie, plus on développe une certaine nostalgie. Après, je ne sais pas comment ça se passerait, mais dans l’absolu, j’en serais ravie.

Je ne pense pas que ce soient les échecs qui pourraient motiver un retour en France. C’est plutôt la nostalgie des amis, de la culture, de la famille, des paysages, des villes, des villages, de tout ce qu’on aime et qui fait la France. Et peut-être aussi la nostalgie des râleurs, de la mauvaise humeur... Je pense qu’on reste foncièrement Français. En particulier quand on vit dans des grandes villes où les communautés françaises sont importantes.

A quoi ressemble votre New York City ?

Il ne convient pas à mon mode de vie. Autant je suis extrêmement fan de ce que la ville défend. Je suis en train d’écrire une 3e roman qui s’appelle « Babel York » qui plonge mes personnages dans le New York que j’aime, où il y a une grande tolérance, où les gens vivent vraiment les uns avec les autres ; où quand vous prenez le métro, c’est juste extraordinaire ce qu’il se passe dans votre champ de vision. J’aime ce New York divers, varié, où les cultures s’expriment et où il peut y avoir encore de belles réussites. Quand vous observez ces dernières, vous vous rendez compte parfois qu’il ne s’agit que de la première ou seconde génération d’immigrés, qui étaient venus sans rien.

Pour autant, New York n’est pas une ville pour moi. Je suis quelqu’un qui a toujours vécu la porte ouverte, entourée d’amis, avec des dîners à l’improviste à 5h du soir, des barbecues le week-end. C’est extrêmement dur d’avoir ce rythme ici. Les gens sont débordés, ont des vies folles. Quand ils sortent le soir, ils font souvent du networking. Quand vous voulez caler un déjeuner ou un dîner, ça peut prendre 3 semaines ou plus, car les gens ne sont pas là, ils voyagent. Donc si j’ai l’opportunité d’aller vivre ailleurs, je le ferai. Pour retrouver un peu ce que j’ai l’habitude d’avoir : des grandes tablées, de refaire le monde jusqu’au bout de la nuit.

Vous avez décidé de monter un événement rassemblant des auteurs francophones. Quelle est la place de la francophonie à New York ?

Elle est énorme. Je crois qu’on parle de 300.000 francophones à New York. Il ne faut pas oublier non plus les communautés africaines qui sont extrêmement importantes et les Haïtiens aussi. Quand j’ai commencé à écrire, il y a deux ans de cela et que je lançais mes premiers livres, j’ai parlé avec beaucoup d’auteurs francophones qui sont tous dans une situation un peu compliquée : celle de se faire connaître, celle d’exister aux États-Unis. Comme mon métier, c’est l’événementiel, je me suis dit que j’allais concilier ce que je savais faire et cette envie de réunir tous ces auteurs qui ont besoin d’être visibles. C’est comme cela que le projet est né.

Puis, j’ai entrepris de le présenter à des universitaires, des gens qui travaillaient sur la mise en valeur de la littérature francophone et je me suis heurtée à quelque d’extrêmement académique. On recevait aisément un prix Goncourt, des grands écrivains. On dissertait avec des universitaires en invitant les étudiants. Mais ce n’était pas ce que j’envisageais.

Tout d’abord, il y a toute une seconde génération qui n’a pas été élevée avec le français. J’ai rencontré des gamins haïtiens, sénégalais, qui ne parlaient pas français, qui ont décidé d’eux-mêmes de renouer avec la langue de leurs parents.

Puis, il y a tous ces Américains, notamment à la Nouvelle Orléans, qui se réapproprient leur héritage culturel français. J’avais vraiment envie de faire descendre le français dans la rue, de donner la parole à des nouveaux auteurs. Malheureusement personne ne le fait. On est beaucoup trop élitiste.

Enfin, il y a aussi les Français qui oublient de lire… Il y a quelques temps, j’avais fait une communication un peu agressive pour la sortie de mon premier roman et un ami a fini par l’acheter. Quinze jours après, il m’a écrit pour me dire : « Ca fait 20 ans que je n’ai pas lu un bouquin. Tu m’as redonné l’envie de lire. » Je crois que, de tout ce que j’ai pu recevoir, c’est le compliment qui m’a le plus touchée. Il a acheté le 2e roman et il me demande des nouvelles du prochain. Ce sont de vraies jouissances personnelles, car quand vous écrivez, c’est pour être lu. Mais quand, en plus, vous êtes lu par des gens qui n’ont plus l’habitude de lire, on se dit qu’on a gagné notre pari.

Sur quels critères s'est effectuée la sélection des Auteurs Francophones ?

Les auteurs ont tout d’abord été choisis pour leur capacité à bien écrire. Je suis extrêmement intransigeante là-dessus. Il faut que les romans aient une belle plume, que ça coule, qu’on s’accroche à l’histoire. Je demande à un roman, même quand il est autoédité (et je suis bien placée pour en parler, puisque c’est mon cas), d’avoir la qualité d’un roman de librairie. Et il y en a plein de livres qui sont bien supérieurs à des livres faisant des cartons en librairie mais ne méritant pas leur succès. Il existe d’autres auteurs qui ont un vrai talent de conteurs. Il ne suffit pas de bien écrire, il faut aussi savoir raconter une histoire. Donc les livres qui ont été sélectionnés sont des romans que l’on recommande, selon les styles de chacun. Il y a des lectures romantiques, d’autres plus engagées… il y a un peu de tout, mais chaque lecture en vaut le coup. A ce jour, il y a une quinzaine d’auteurs et le but est d’en avoir une quarantaine au total (on a été arrêtés, en plein recrutement, par le Covid19). Tous les événements qui étaient prévus auront lieu, probablement lors du dernier trimestre 2020.

Vous parliez de l’envie d’écrire d’un auteur. Comment nait la vôtre, justement ? 

Mon envie d’écrire est très instinctive. J’écris depuis que j’ai 7 ou 8 ans. J’ai toujours eu la main et le cerveau qui me démangeaient. Après écrire un livre, c’est une autre démarche que d’écrire une cinquantaine de pages.

Pour mon premier roman, je vivais à Miami. Un matin, je me suis levée et j’ai senti que c’était le moment. J’ai écrit pendant 3 semaines de 5h à 10h du matin, sans savoir ce qu’allait être la feuille suivante. Écrire me fait un bien fou.

Le deuxième livre, « L’Atelier au fond de la cour », je l’ai écrit dans le métro. Pendant quelques mois, je rentrais dans le métro et je m’enfermais dans une bulle et j’écrivais des pages et des pages sur mon iphone, que je m’envoyais ensuite par email pour les intégrer dans mon roman et les corriger. A l’époque, j’étais en train de monter un projet de mode française aux États-Unis et à New York, « French Fashion Week » et mon mari m’a suggéré d’écrire sur la mode. J’ai trouvé que c’était une très bonne idée. J’y ai réfléchi puis tout à coup je me suis dit : « La mode, la couture… c’est mon grand-père qui était tailleur ! ». J’ai donc imaginé une histoire qui tenait la route à partir de là, en travaillant sur le personnage d’une jeune créatrice (ce que je défends aujourd’hui : aider les jeunes à faire leur place dans ce pays) et ce grand-père extraordinaire, que j’adorais et qui est parti bien trop tôt. Il a eu une vie difficile et a toujours gardé le sourire. C’est de lui que je tiens mon optimisme.

Pour mon 3e roman, je suis partie sur « Babel York », cette tour de Babel géante. Je suis super débordée et je n’arrive pas à me dire que chaque jour il faut que j’écrive un peu, mais ce n’est pas grave parce qu’hier matin je me suis levée à 6h, il fallait absolument que j’écrive avec ce qu’il se passait. D’autant que mon roman se passe de novembre 2016 à novembre 2020, on est sous la présidence de Trump et les résultats du second tour. Même si mes protagonistes vivent leur vie, il y a le décor, en arrière-fond, de ce qui se passe dans le pays. Il était essentiel que je libère plein de choses. Je parle des émeutes consécutives à la mort de George Floyd, des violences, des réactions de Trump, de cette Amérique dans laquelle vous vous demandez si vous avez encore envie d’y vivre car vous n’êtes pas venu pour cela.

A New York, on a l’impression qu’il y un grand attachement à la culture française, à la France. Qu’en pensez-vous ?

Je suis partie d’une ville, Miami, où on n’aimait pas les Français. Beaucoup de Français sont partis y faire des arnaques et les Français y ont vraiment une réputation sulfureuse.

Je n’ai jamais vu autant d’amour de la France qu’en vivant à New York, de la caissière à n’importe quel Américain que vous croisez. Ils m’ont redonné la fierté de mon pays et du drapeau. J’ai travaillé pour des organisations caritatives qui levaient des fonds pour la France, c’est juste extraordinaire de voir ces Américains amoureux de notre pays. Dans mon entourage, j’ai un Américain pur jus. Il a travaillé longtemps pour une marque française et a un français irréprochable, c’est-à-dire qu’il corrige même vos fautes d’orthographe. Quand vous allez chez lui, dans le Village, il cuisine dans des casseroles en cuivre françaises. Il chine en France. Il se fait livrer des trucs pas possibles. Dans les toilettes, il y a un coq pour tenir les torchons. C’est incroyable, ce type vit la France jusque dans les moindres détails. Vous mangez chez lui, il vous fait une recette française de lotte. Des gens comme cela, j’en ai rencontré plein à New York. Avec eux, vous ressentez une fierté d’être français. Ce qu’on oublie quand on vit en France. Être français à New York, c’est juste extraordinaire !

Vous connaissez Myline et Claire depuis de nombreuses années et vous avez vu leur business grandir au fil du temps. Pouvez-vous me parler d’elles et de French Wink ?

J'ai rencontré Claire en juillet 2013, lors de la production de l'événement « Taste of France ». Le courant est tout de suite passé et Claire est devenue mon amie, même si nos vies ne nous permettent pas toujours de se voir régulièrement. J'ai vu son projet évoluer, grandir, se professionnaliser et je suis fière de ce qu'elle a accompli avec Myline, avec laquelle elle forme un super duo, très complémentaire. Aujourd'hui, French Wink est un concept extra, multi réseaux, qui promeut l'excellence française. Une mission sur laquelle nous nous rejoignons. Toujours partantes pour de nouvelles aventures, de nouveaux projets, c'est un vrai plaisir d'imaginer des choses ensemble. Bravo à elles et longue vie à French Wink !

 

Pour retrouver les romans sélectionnés dans le cadre de la Rencontre des Auteurs Francophones, cliquez sur ce lien

                    

2 comments

Je suis auteure de 4 romans publiés en petites maisons d’éditions, ils sont publiés en papier et numérique. Un cinquième vient d’être accepté par les éditions Nouvelles Bibliothèques, et deux autres sont en phase d’être proposés à l’édition. J’ai vécu douze ans aux USA, j’ai d’ailleurs aussi la nationalité américaine. Puis-je envisager une collaboration avec vous? et comment? voici mon site pour vous donner une idée du genre de romans que j’écris : https://isabellebriand.jimdofree.com/
Je vous remercie, bien cordialement, Isabelle Briand

isabelle briand,

Très bel entretien! Comment fait-on pour vous proposez nos livres ? J’en ai écrit 2, les ombres du passé et l’herbe n’est pas plus verte ailleurs sauf si on l’arrose (Marjolaine Sloart) le 2ème vient de sortir, ce sont de petits romans, 2 histoires différentes, ils sont sur amazon, si vous avez envie de les lire, je peux vous les envoyer, différents formats ePub, Word, papier. Je tente ma chance qui sait. En tout cas, c’est une bonne initiative de promouvoir l’écriture française à travers le monde. Bonne continuation, bien cordialement Marylène Strauss

Strauss Marylène,

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